20 juillet 2013

Les prestations de serment des Rois des Belges

Philippe prêtera serment ce 21 juillet, comme son ancêtre, Léopold Ier, le premier souverain de la dynastie belge, cent quatre-vingt deux ans plus tôt. C'est d'ailleurs pour se souvenir de cet événement que la Fête Nationale a été placée ce jour de juillet en 1890. Il fut donc le premier à prononcer : "Je jure d'observer la Constitution et les lois du peuple belge, de maintenir l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire". C'est juste après ce serment qu'il devient vraiment le Roi des Belges. Cette cérémonie s'est déroulée sur le parvis de l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, située Place Royale. Un décor somptueux avait été installé, mêlant un dais pourpre ainsi que des draperies du même coloris, des colonnades de part et d'autre un espèce d'arc de triomphe, ou encore des costumes rappelant les volontaires qui ont menés la révolution de 1830 et qui ont permis la naissance du pays. Ensuite, un grand banquet fut offert par Léopold Ier aux autorités.



Suite au décès du roi Léopold Ier le 10 décembre 1865, c'est le 17 décembre que se déroule la prestation de serment de son successeur, Léopold II. Il faut savoir que la période que l'on appelle "interrègne" ne peut excédait dix jours, durant lesquels le gouvernement exerce collectivement les prérogatives royales. L'adage "Le Roi est mort! Vive le Roi!" ne s'applique donc pas à la monarchie belge. Cette cérémonie s'est déroulée au Palais de la Nation, au sein de la Chambre des représentants. Pour s'y rendre, le futur roi a effectué le parcours, en compagnie de son frère Philippe, comte de Flandre, à cheval. Le décor est beaucoup plus sobre que lors de l'avènement de son père, on note tout de même la présence d'un dais royal. Léopold II a souhaité la présence d'un trône, même le terme de siège d'apparat serait plus approprié. Son velours rouge est marqué de la devise nationale, L'union fait la force, tandis que ses accoudoirs représentent un lion. Sous un autre dais a pris place la famille royale, c'est-à-dire la reine Marie-Henriette, le prince Léopold, jusqu'alors titré comte de Hainaut, et le comte de Flandre. Mais les maisons royales étrangères sont également représentées : l'archiduc Joseph d'Autriche et comte palatin de Hongrie (frère de Marie-Henriette), le roi Louis Ier de Portugal, le prince de Galles (futur Edouard VII), le prince Arthur d'Angleterre (futur duc de Connaught), le prince Georges, 2e duc de Cambridge, le prince héritier Frédéric-Guillaume de Prusse (futur empereur Guillaume II), le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha, le prince Louis de Hesse, le prince Georges de Saxe, le prince Guillaume de Bade, le prince Nicolas de Nassau (demi-frère du duc Adolphe) et le prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen. Par la suite, les souverains, accompagnés du désormais duc de Brabant, sont apparus au balcon du Palais royal pour une parade militaire sur la Place des Palais.

Gouache sur base photographique à l'albumine de Louis Ghémar, 1865, KIK-IRPA, Bruxelles


Le 23 décembre 1909, Albert succède à son oncle le roi Léopold II, décédé le 17 décembre. Il se rend au Palais de la Nation à cheval, un bicorne sur la tête. Là, il y rejoint sa famille, son épouse Elisabeth et ses fils Léopold et Charles. Sont également présents sa mère la comtesse de Flandre, sa sœur Henriette venue avec son époux le duc de Vendôme, sa sœur Joséphine et son époux le prince Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigamringen, ainsi que deux filles de Léopold II, Stéphanie (et son époux le comte Elemér Lónyay) et la princesse Clémentine. Pour les représentants étrangers s'y trouvaient le duc Franz-Josef en Bavière (frère d'Elisabeth), le duc de Connaught, l'infant Charles d'Espagne et les ambassadeurs de France, du Japon, d'Italie et de Russie. Il est le premier souverain a prêté serment en néerlandais. Le lendemain, un Te Deum fut célébré en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule par le cardinal Mercier en présence du couple royal, de leurs fils, de la comtesse de Flandre, des princesses Henriette et Joséphine, ainsi que des princesses Stéphanie et Clémentine.


Tableau de Jules Cran



Le futur Léopold III, accompagné de son frère Charles, comte de Flandre, a pris la direction de Bruxelles à cheval, depuis le château de Laeken, le 23 février 1934. Six jours auparavant, le roi Albert Ier s'était tué tragiquement en pratiquant l'alpinisme. La reine Astrid et ses enfants Baudouin et Joséphine-Charlotte assistaient à la cérémonie, contrairement à la veuve d'Albert Ier, la reine Elisabeth. Dans la tribune rassemblant la famille royale, on y trouvait aussi le prince Umberto de Savoie, prince de Piémont (beau-frère du roi), le prince Carl de Suède (père de la reine), le prince Axel de Danemark (beau-frère de la reine), le prince héritier de Norvège, futur roi Olav V (beau-frère de la reine), la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg, le prince de Galles (futur Edouard VII), et le prince consort Henri des Pays-Bas. Après la cérémonie à la Chambre, le roi Léopold III alla rendre un hommage à la tombe du Soldat Inconnu, au pied de la Colonne du Congrès.





Au sortir de la seconde guerre, Léopold III étant placé dans l'impossibilité de régner par le gouvernement depuis 1940 et encore détenu par les Allemands au moment de la Libération, le prince Charles, comte de Flandre, est élu régent le 20 septembre 1944 par les Chambres réunies. Le lendemain, il prêta serment en présence de sa mère, la reine Elisabeth. Pas d'ornementations bien spéciales pour cette cérémonie. Le perchoir du président de la Chambre ne fut même pas évacué.





Après une consultation populaire favorable au souverain, le 22 juillet 1950, le roi Léopold III et ses deux fils, Baudouin et Albert, est de retour sur le sol belge. La régence a pris fin, tout comme la période d'impossibilité de régner, et le Roi retrouve alors ses prérogatives. Ce retour provoque des réactions très hostiles chez ceux qui étaient opposés au retour de Léopold III. Pour sortir de cette crise, le fils du Roi-Chevalier n'a d'autres solutions que de faire un pas de côté. Il a délégué ses pouvoirs royaux à son fils aîné, Baudouin, dénommé alors "prince royal". Il a prêté, dans ce cadre, serment le 11 août 1950. Le trône, héritage de Léopold II, a été modifié. En effet, la devise du pays, indiquée en français, a disparue afin de ne pas heurter la Flandre. La cérémonie fut émaillée par un "Vive la République!" proféré par le communiste Georges Glineur et erronément attribué à Julien Lahaut. Ensuite, le prince Baudouin s'est rendu au Palais royal pour apparaître, juste quelques secondes, au balcon.





Le climat apaisé, le roi Léopold III abdique au Palais royal le 16 juillet 1951 au profit de son fils aîné. Le lendemain, Baudouin prête une nouvelle fois le serment constitutionnel. Sa famille n'est pas présente, préférant s'abstenir d'apparaître en ce jour, vécu de manière douloureuse par le principal intéressé. Il n'y a pas non plus de représentants de monarchies européennes. Les temps ont changé, cette cérémonie se veut, tout en restant solennelle, sans doute moins somptueuse. Par ailleurs, ces événements vécus difficilement tant par le père que le fils, ne sont pas propices à des invitations qui auraient été envoyées auprès de leurs cousins royaux. Après la cérémonie, le jeune souverain a rendu un hommage à la tombe du Soldat Inconnu et est apparu, seul, au balcon du Palais.



Après la mort du roi Baudouin à Motril le 31 juillet, son frère, Albert, prince de Liège, a prêté le serment constitutionnel le 9 août 1993. Le décor se veut encore davantage épuré. Le trône est gardé, il avait d'ailleurs été restauré en 1992 suite aux problèmes de santé du roi Baudouin, ainsi que deux colonnes dorées surmontées du lion belge. Fini le dais de velours rouge parsemé de petits lions dorés. En arrière-plan, une tapisserie a été installée. Dans la tribune royale, dont les fauteuils ont perdu leurs feuilles de lauriers en or, ont pris place les reines Paola et Fabiola, le prince Philippe, la princesse Astrid, son époux Lorenz ainsi que leurs enfants Amedeo et Maria-Laura, sans oublier le prince Laurent. Le roi Albert II est le premier souverain a prononcé le serment dans les trois langues, en français, en néerlandais, et en allemand. Durant la cérémonie, l'extravagant député Jean-Pierre Van Rossem s'est écrié "Vive la république d'Europe! Vive Julien Lahaut!", couvert automatiquement par des huées suivies par des applaudissements en faveur du Roi. Comme pour Baudouin en 1951, les temps forts de la journée furent la cérémonie à la Colonne du Congrès et l'apparition au balcon.




Plus d'informations sur la prestation de serment de Léopold Ier : lien
Plus d'informations sur la prestation de serment d'Albert II : lien

Et comment se déroulera la prestation de serment du prince Philippe?

  • 11h30 : ouverture de la séance des Chambres réunies
  • Le président de la Chambre et la présidente du Sénat lisent l'acte d'abdication du roi Albert II
  • Les présidents de la Chambre et du Sénat accueillent la famille royale au péristyle du Parlement fédéral
  • Le roi Albert II et la reine Paola, la reine Mathilde, la famille royale empruntent l'escalier d'honneur du Sénat pour s'installer, conformément à la tradition, dans le Salon des tapisseries du Sénat, adjacent à l'hémicycle de la Chambre
  • Le roi Philippe emprunte l'escalier d'honneur de la Chambre en direction de la Salle des conférences, adjacente à l'hémicycle de la Chambre
  • Le roi Albert II et la reine Paola, la reine Mathilde, la famille royale font leur entrée dans l'hémicycle de la Chambre
  • Un huissier du Sénat annonce : « le Roi – de Koning – der König »
  • 12h : le roi Philippe entre dans l'hémicycle et prend place sur le trône
  • Le président de la Chambre prononce une courte allocution dans les trois langues nationales et invite le roi Philippe à prêter le serment constitutionnel
  • Le roi Philippe prête le serment constitutionnel dans les trois langues nationales
  • Le Roi prononce un discours
  • La présidente du Sénat se lève et présente au Roi les félicitations des assemblées
  • La musique de la composante navale exécute la Brabançonne et l'hymne européen
  • 12h30 : départ du Roi et fin de séance des Chambre réunies
  • Le Roi quitte l'hémicycle accompagné du président de la Chambre pendant que la présidente du Sénat clôt la séance des Chambres réunies
  • La Reine, le roi Albert II et la reine Paola, la famille royale quittent l'hémicycle de la Chambre par le Salon des tapisseries du Sénat et redescendent l'escalier d'honneur du Sénat jusqu'au péristyle
  • Le Roi et la Reine signent les livres d'or de la Chambre et du Sénat
  • Le Roi et la Reine, ainsi que la famille royale, saluent les députations qui les ont accueillies
  • Le Roi et la Reine, ainsi que la famille royale, sont escortés par le deux présidents sur le perron de la place de la Nation, où ils prennent congé de ceux-ci
  • L'officier commandant l'Escorte Royale se présente. Le roi salue l'étendard à cheval de l'escorte. La musique joue devant les grilles du Palais de la Nation.
  • 12h45 : départ de la voiture royale, puis des autres voitures de la famille royale

3 commentaires:

  1. Je vous souhaite une très belle fête nationale, une journée tellement particulière pour votre pays aujourd'hui !!!
    Kilced

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  2. Je lis seulement aujourd'hui cet article passionnat. La ceremonie de passation était simple et émouvante, je suis fière de ce couple royal et de votre pays. Vive la Belgique !

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  3. Avez-vous remarqué que la manière dont les rois lèvent le bras et positionnent leurs doigts avait changé au fil du temps ? On imagine bien pourquoi ! Mais qui l'a décidé ? le régent lui-même ? le gouvernement ? Avez-vous des informations à ce sujet ? On n'en parle nulle part sur le net !

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